Trois questions à Claire Grisez, directrice de la DRIEE d’Ile-de-France
Claire Grisez, directrice par interim de la DRIEE IDF revient sur les enseignements que l’on peut tirer de la crise du coronavirus, la place réservée à l’environnement, aux éco-entreprises et à l’innovation dans les plans de relance et adresse plusieurs messages clés aux chefs d’entreprise des secteurs de la transition écologique et énergétique.
Quelles leçons tirez-vous de la crise du coronavirus et de ce qu’elle a révélé sur notre modèle de développement ?
Cette crise sanitaire a eu un fort retentissement sur notre économie. Elle nous a apporté des enseignements majeurs qui donnent quelques éclairages sur la gestion d’autres types de risques comme ceux liés au changement climatique, à l’érosion de la biodiversité et à la raréfaction de l’eau.
D’une part, il est apparu clairement que des crises peuvent arriver : il faut s’y préparer. Notre territoire doit être résilient à des éléments de contexte extérieur. Cela doit amener à réfléchir sur la façon dont on doit concevoir nos aménagements, nos investissements, en particulier en matière d’infrastructures, et notre façon de fonctionner.
Autre constat : cette crise a permis de mettre en avant que notre société est prête à s’adapter, à faire évoluer ses pratiques et faire des efforts quand les circonstances l’exigent. En effet, des choses ont évolué qu’on pensait immuables comme le télétravail, les déplacements à vélo, etc. Même s’il n’est pas certain que tous ces changements restent ancrés durablement, cela a montré ce que les Français sont capables d’intégrer mais aussi qu’ils étaient prêts à une certaine sobriété. Par exemple, en dehors des besoins qui restaient incontournables (approvisionnement en eau potable, traitement des eaux usées, etc.), on a vu les consommations énergétiques baisser de même que les déplacements. En revanche, on a pu observer que, malgré une activité très réduite et les réductions en termes de pollution atmosphérique et de nuisances sonores que cela a pu générer, les émissions de particules fines, elles, n’ont pas baissé. Dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière de chauffage au bois. Plus globalement, il reste encore des progrès à faire dans tout ce qui a trait à l’amélioration de la qualité de l’air et profiter du retour d’expérience du confinement pour réfléchir à notre mobilité.
Donc nous avons pu à la fois expérimenter notre capacité de résilience mais aussi observer la fragilité de notre modèle économique. A cet égard, les circuits courts, l’économie solidaire et l’économie circulaire ont montré tout leur intérêt. Et là, les éco-entreprises ont un rôle particulier à jouer.
Justement, selon vous, quelle est la place réservée à l’environnement, aux éco-entreprises et à l’innovation dans les plans de relance et dans votre politique pour la période à venir ?
Le Premier ministre l’a annoncé en juillet : avec 30 milliards d’euros sur les 100 prévus au total, la part consacrée à la transition écologique et énergétique dans le plan de relance est très conséquente. Trois grands axes ont été mis en avant : la rénovation énergétique des bâtiments, les transports et l’énergie (avec, en particulier, les EnR dont la géothermie au potentiel très élevé en Ile-de-France). Mais ce sont aussi les questions liées à l’alimentation plus locale et plus durable, et tout ce qui va permettre la décarbonation (i.e. réduction des émissions de CO2), la sobriété énergétique et, plus largement, l’économie verte qui sont concernés. Au final, le plan de relance va encourager une « révolution » environnementale de notre industrie, la réduction des émissions, la structuration de la filière hydrogène et le développement de nouvelles activités. Par exemple, à elle-seule la rénovation énergétique offre des débouchés importants en termes d’activité et d’emplois, en particulier au niveau local ; elle suppose aussi des innovations technologiques, des matériaux différents et des innovations d’ordre architectural pour pouvoir proposer un confort accru aux habitants et usagers.
La DRIEE accompagne déjà les initiatives d’acteurs publics ou associatifs, qu’il s’agisse de réseaux (ex. : Comité francilien de l’économie circulaire, Club Economie de la fonctionnalité et du développement durable…) ou d’autres types d’initiatives à l’exemple du GIP Maximilien (portail de l’administration numérique et réseau des achats responsables en Ile-de-France). Elle a par ailleurs prolongé son appel à projets « Transition écologique » annuel : les acteurs socio-professionnels (GIP, fondations, réseaux d’entreprises) et les collectivités peuvent répondre jusqu’au 15 septembre 2020 dans une des trois priorités retenues : Economie verte ; Projets territoriaux de développement durable en faveur des ODD ; Education à l’environnement et au développement durable. S’agissant plus spécifiquement de l’économie verte, l’accent est surtout mis sur les initiatives visant à faire évoluer les modes de production, de transformation et de consommation pour les rendre plus responsables et durables.
Quels messages souhaiteriez-vous adresser aux chefs d’entreprises des secteurs de la transition écologique et énergétique ?
En cette période de renouvellement des équipes municipales, de nombreuses collectivités vont reprendre les travaux en vue de réaliser leur plan climat-air-énergie territorial (PCAET). Dans ce cadre, des plans d’actions en matière de qualité de l’air, d’énergies renouvelables ou de sobriété vont voir le jour. Et là, on attend les éco-entreprises pour des réalisations concrètes. Je pense, par exemple, aux spécialistes de la géothermie pour les réseaux de chaleur ou de la valorisation énergétique des déchets. Les éco-entreprises gagneraient à être encore plus structurées pour diffuser vers ces collectivités.
« L’Ile-de-France est un terrain de jeux important pour les éco-entreprises ! »
Plus globalement, de nombreux signaux sont au vert pour les éco-entreprises : nécessité de contrer le changement climatique et la raréfaction des ressources, élan donné par les politiques de transition écologique, aides liées à la crise mais aussi attentes fortes de la société. Tout cela converge en ce moment et constitue de véritables opportunités à saisir. En Ile-de-France, nous avons une capacité d’innovation, un marché et une demande avec, entre autres, des collectivités très impliquées.
Nous disposons d’un certain nombre d’atouts sur le territoire, des entreprises motivées, un contexte général qui suppose de savoir se réinventer. En ce sens, la création du Club IDF Eco-entreprises est une très bonne occasion de se structurer : elle permet une vraie synergie entre transition écologique et énergétique et innovation ! Des domaines comme l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité, la sobriété énergétique ou encore le circuit court local constituent autant d’éléments à consolider. Sans oublier l’écologie industrielle et territoriale que la DRIEE souhaite encore renforcer en Ile-de-France.
Bref, nous avons un fabuleux territoire de développement pour la transition écologique et de nombreux feux sont au vert pour développer un potentiel d’expériences et monter en puissance.
Service déconcentré du ministère de la Transition écologique, la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie (DRIEE) d’Ile-de-France met en œuvre les politiques publiques en matière d’environnement et d’énergie. Outre un important rôle d’inspection, de contrôle, de surveillance mais aussi d’autorisation et avis, elle soutient et accompagne le développement de l’économie verte.
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